Laos - Le Mékong

ຫ້ວຍຊາຍ - Houei Sai - Huay-Xai

Un des points culminants de mon voyage se profile devant moi, une croisière sur le Mékong de Houei Sai à Louang Prabang.

Tout ça demande un peu d’organisation mais la magie des zinternets m’accompagne dans mes efforts.

• Obtenir mon visa pour traverser au Laos

• Trouver un transport jusqu’à la frontière

• Trouver un hôtel dans le village d’où part la croisière, un autre à mi-chemin à Pak Beng et un dernier à Louang Prabang

• Choisir la compagnie et le genre de croisière que je désire et leur transmettre toutes mes informations, y compris une photo de mon passeport

J’aurais pu engager un agent de voyage qui aurait fait tout ça pour moi mais, j’aime bien m’organiser toute seule. Ainsi, le voyage est parfaitement adapté à ce que je désire et ce, dans les moindres détails.

Évidemment, il m’arrive de faire des erreurs, comme lorsque j'ai réservé une chambre d'hôtel, non remboursable pour... trois mois plus tard. Je considère que c’est le prix de l’expérience et… il n’y a pas mort d’homme. De plus, j’ai la chance d’avoir un compagnon très compréhensif qui m’aide à “nous” en sortir quand il y a un problème. En fait, il ne voit jamais les problèmes, seulement les solutions.

Je pars de Chiang Mai dans un petit minibus ultra ornementé, j’ai l’impression d’être dans une discothèque.

Le chauffeur est très expérimenté et après un voyage de 5-6 heures dans les courbes montagneuses ou, les montagnes courbeuses, j’arrive à la frontière du Laos.

Sortie de la Thaïlande, traversée du pont de l’Amitié, arrivée au Laos où le processus est un peu plus complexe mais finalement, mon visa est accepté

et un nouveau visa est ajouté à mon passeport déjà bien fourni.

Nouveau trajet jusqu’à mon Homestay ( séjour chez l'habitant) où je m’installe pour les deux prochains jours. Cet intermède n’est pas nécessaire mais j’aime bien prendre le temps de comprendre un nouveau pays lorsque j’y arrive.

Un nouveau pays, une nouvelle langue, une nouvelle manière de saluer

Ça me donne le temps d’obtenir des Kip, la monnaie laotienne, et d’apprendre les mots magiques, quel que soit le pays où je me trouve.

• bonjour sabaydee

• merci kop jai

• pas de problème sabai sabai.

La propriétaire de mon Homestay est jeune, belle, enthousiaste et très “aidante”. Elle répond à toutes mes questions, elle a toutes les solutions.

Elle m’encourage à prendre la route panoramique pour me rendre à un rooftop bar/auberge de jeunesse nommé Over The Moon

L’endroit est paisible et j’admire le soleil qui se couche sur la Thaïlande, de l’autre côté du Mékong.

Les voyages forment la jeunesse

Tout en admirant le firmament, je jase avec quatre jeunes hommes qui se sont rencontrés ici et, qui en profitent pour échanger leurs trucs de backpackers tout en jouant au Monopoly.

Ils viennent des quatre coins du monde. Un américain, un sud-africain, un français et un allemand.

Tout au long de mon voyage, je vais rencontrer ces groupes qui se forment spontanément. Aucune barrière de langue, l'anglais étant la lingua franca. Ils ont tous et toutes le désir de l'aventure, de la découverte.

J’en profite pour pratiquer la langue que j’étudie actuellement, l'allemand.

-Wie geht’s Comment ça va

-Mir geht’s gut Je vais bien

J’adore apprendre une nouvelle langue et depuis que j’ai découvert l’application Duolingo, l'apprentissage est tellement plus facile et agréable. En ajoutant Coffee Break, c’est encore mieux.

En jasant avec les deux propriétaires, j’apprends qu’elles sont… trois.

Un néerlandaise qui a demeuré plus de 15 ans à Vientiane (capitale du Laos), une anglaise et une laotienne… justement propriétaire de mon Homestay. Trois femmes que rien ne prédestinait à se rencontrer, trois femmes qui se connaissaient à peu près pas mais qui ont vu une opportunité et ont décidé de plonger dans l’aventure.

Elles sont un modèle pour les jeunes laotiennes et laotiens.

Le fort Cornet

Le lendemain, je visite un fort français, le fort Cornet. Celui-ci date des débuts de l'occupation française et pourtant... j'ai l'impression de me retrouver dans un futur que je connais bien...

J’en profite pour échanger quelques politesses avec un groupe d’enfants à qui, évidemment, j’offre des petites épinglettes du drapeau canadien

La, Sil, Pouha, Fa et Tut sont enchantés de prendre la pause.

Après deux jours à Houei Sai, j’embarque sur le slow boat qui me mènera à Luang Prabang.

Un slow boat est un bateau très long et étroit qui flotte directement à la surface de l'eau car le Mékong est plein de rocher affleurants. Le conducteur est assis à l'avant et le moteur est à l'arrière.

Je suis accueillie par Tune qui nous guidera et partagera, tout au long des deux jours à venir, sa connaissance du Mékong et des Laotiens. Évidemment, on retire ses chaussures avant d'entrer dans la cabine.

Boules de feu de Nâga

Tune m'apprends qu'à chaque année, ou presque, le Mékong émet des boules de feu.

Au mois d'octobre des petites sphères lumineuses s'élèvent de la surface des eaux en silence et montent vers le ciel.

crédit: skeptoid.com

Dans la tradition bouddhique, le Nâga, est une créature du monde souterrain et des eaux représenté sous la forme d'un grand serpent. Il protège Bouddha de la pluie et de la montée des eaux. Quant aux boules de feu, elles apparaissent au moment ou Nâga remonte du fond du fleuve envoie des boules de lumière en hommage à Bouddha.

Dans les faits, ces lumières s'apparenteraient aux feux follets mais... rien n'a été démontré et je préfère la légende à une explication d'"experts" qui, dans les faits, n'en savent rien.

La Transnitrie

Le voyage vers Luang Prabang dure deux jours. Deux jours à voguer mollement sur le Mékong. Deux jours à regarder le temps passer.

Ce moment de calme, nous donne le temps de jaser. Alors, j'entame la discussion avec ma voisine de table, Alexandra, une grecque qui adore voyager et à fait son premier voyage au Kenya à l'âge de quatre ans.

Elle me parle de la Transnitrie qu’elle a eu la chance de visiter pendant la période maximale accordée par le visa soit… 12 heures.

Ses impressions sont vives et elle sait les transmettre avec passion.

La Transnitrie est un État qui s'est autoproclamé indépendant "de fait" en 1992. En fait, c'est une partie de la Moldavie, et la frontière à l'est est l'Ukraine.

La plupart des pays ne reconnaissent pas cette indépendance mais peu leur chaut.

Son Premier Ministre est un proche du Sheriff Holding, une compagnie propriétaire de la presque totalité des entreprises de Transnitrie. Ce Holding ne paie qu'un taux excessivement minime de taxes et de droits d'importations et reçoit 30% du budget de l'état. En voilà un qui a trouvé le moyen de faire de l'argent... beaucoup d'argent.

Lénine, Staline, la Grande Catherine de Russie et le sigle de l'URSS sont les têtes d'affiche sur les murs et les sculptures. C'est comme si cette région de la Moldavie avait oublié qu'il y avait eu un coup d'état qui avait mis fin à l'URSS en 1991.

Alexandra est tout aussi enthousiaste lorsqu'elle me narre sa visite des canaux de Londres ou les études sur l'alimentation des américains. Je l'écoute avec intérêt.

Il y a tellement à voir, tellement à apprendre… je n’aurai pas assez d’une vie.

Pak Beng

Ce soir nous dormons à Pak Beng et la vue que j'ai du Mékong, du hauts des monts de Pak Beng, restera inoubliable.

La suite du voyage...

Nous devions partir tôt ce matin mais il semble qu'un des passagers ait oublié de se réveiller. La bière et le whisky laotien sont des somnifères efficaces. 😂

Finalement, après que notre guide l'aie trouvé et réveillé, il arrive au bateau et nous repartons sur les flots.

Jusqu'à Louang Prabang, je prend le temps de regarder ce qui m'entoure.

Les gens pauvres, mais qui vivent en harmonie avec la nature.

Les enfants heureux qui nous envoient la main.

Les orpailleurs qui rêvent de richesse.

Les plantations d'arachides.

L'éléphant qui vient saluer le bateau

Nous arrêtons aux grottes de Pak Ou. Ces grottes sont un site bouddhiste important mais les recherches suggèrent que son importance est antérieure à la période bouddhiste qui a débuté au XVe siècle. Les recherches archéologiques attestent l'utilisation du site probablement depuis le Néolithique (+/- 5000 ans avant Jésus-Christ) jusqu'à nos jours.

Elles sont encore utilisées pour prier le dieu Phi, Bouddha, et les dieux hindous.

crédit: luangprabang-laos.com

Après avoir navigué plus de 300 km en deux jours, nous arrivons à Louang Prabang où nous passerons quelques jours avant de repartir vers une destination qui nous est encore inconnue.

Une crème glacée au thé Matcha, garnie de fèves rouges, fête mon arrivée. Je ne pouvais pas passer à côté de cette spécialité laotienne.